La légende voulait que lorsque sonnerait le Cor, un roi monterait sur le trône de Palanque. Le légitime souverain serait l’homme au plus près de l’artefact lors de son éveil. Par le passé, il ne sonna que par deux fois. La première fit roi Loris de Thorne Ier, juste souverain qui maintint gloire à défaut de paix sur l’ensemble du Royaume. Trois générations sa lignée dura, mais Nordas de Thorne périt avant d’avoir engendré d’héritier mâle, âgé de seulement 13 ans. Le Conseil de Palanque, qui épaulait le Roi dans ses décisions, assura la Régence six siècles durant. Puis, fidèle au poste, le Cor à nouveau résonna. Se trouvaient dans l’Eden de Palanque, jardin intérieur où siégeait depuis toujours l’objet, deux personnes. Nellin le Pacifique, et Orcas d’Orsège. Il fut impossible de dire pour lequel des deux il avait soufflé, et ils se disputèrent le pouvoir. Tandis qu’Orcas amadouait le Conseil, Nellin, qui ne devait son surnom de Pacifique qu’à une fable d’enfance, entreprit de le faire assassiner. Si la tentative échoua, elle ne manqua pas d’attiser la rage d’Orcas. Chacun réunit des partisans, s’alliant seigneurs et bannerets, mercenaires et bandits. L’apogée du conflit se déroula sur les Champs des Sept Soleils, où après une semaine de lutte acharnée, alors que chaque camps n’avançait qu’en piétinant ses morts, Nellin et Orcas ensemble périrent. Ils furent finalement surnommés les Rois Sans Trônes, et la Régence du Conseil repris.
Trois siècles et quelques bribes de décennies séparent cet évènement de notre histoire…

Mavel Brassevin est un garçon de modeste lignée. Ses parents sont propriétaires d’un moulin et de quelques terres emplies de vignobles. Ils sont donc réputés pour leurs crus, sans nager dans l’opulence pour autant, tous paysans qu’ils sont. Du haut de ses douze ans, le garçon a pour habitude de jouer dans les ruelles avec Gibon Peau d’Oignon, et Lily la Vive, ses deux meilleurs amis, dans les environs de la ville de Palanque. Un jour, pour une raison que Mavel ignorait, des gardes se mirent à les poursuivre. Ils capturèrent Lily et l’embarquèrent au Château d’Azur, le siège du Conseil Régent, et la résidence des souverains d’antan. Des centaines d’idées folles traversèrent l’esprit du garçon, et mille autres parcoururent celui de Gibon, si bien qu’ils décidèrent de se rendre au Château et de la délivrer. Le petit Peau d’Oignon se fit attraper par les gardes, et non sans un pincement au cœur à l’idée que son ami allait subir des coups de fouets, le petit vigneron profita de la diversion pour s’infiltrer dans les royales entrailles du Château d’Azur. Ses petits pas le portèrent d’allées en couloirs, de terrasses en jardins, sans succès, lorsqu’il entendit des pas. S’il pouvait passer pour un quelconque page auprès des servantes, il serait plus difficile de leurrer les chevaliers. Par sécurité, Mavel s’engouffra dans une salle, et garda l’œil sur la porte entrouverte. Deux chevaliers accompagnaient Lily et la sermonnaient. Mais il la nommaient Dame Estel. Mavel fulmina, soit il y avait un quelconque coup fourré derrière l’histoire, soit Lily n’était pas une orpheline comme elle le prétendait. Quoi qu’il en soit, mieux valait pour lui laisser le petit groupe s’éloigner avant de repartir. Il examina la salle dans laquelle il se trouvait. Tout n’était que verdure, architectures aux filets d’ors, bassins de marbre, parterres de fleurs en tous types et toutes couleurs. Au centre, posée à même une table surélevée par une volée de marches, se trouvait un objet argenté qui rappelait une corne. C’est lors qu’il prétendit l’examiner qu’un son s’en échappa, pas strident pour un sou, mais suffisamment puissant pour qu’il fut entendu de part tout le Château. Comme paralysé, Mavel demeura sur place. Les résidents de la royale demeure approchaient au pas de course, et entraient un par un dans l’Eden de Palanque, un regard ahuri posé sur le petit garçon pour qui avait sonné le Cor.