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 Le livre sans pages

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Nusenism
Nomimange'twa ♪
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Nusenism


Masculin Age : 33
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MessageSujet: Le livre sans pages   Le livre sans pages Icon_minitimeMar 12 Avr 2011 - 21:37

Hop, voici ma dernière nouvelle en date.
Il s'agit d'un conte que j'écris hier soir à une heure tardive (trop tardive peut-être?).

-----------------------

LE LIVRE SANS PAGES

Il errait, voyageur solitaire, âme vagabonde, dans les confins de la forêt dense. Il se plaisait à arpenter les terres reculées du royaume des fées. Il admirait mont et merveilles, et ses foulées couvraient plus de lieues qu’il n’est humainement possible de le compter. Certains eurent dit qu’il avait tout vu. Il en pensait tout l’inverse. Et c’est pourquoi il continuait à avancer.
Mais notre vagabond vieillit, tout homme qu’il était. Vint un jour où ses jambes durent s’appuyer sur une canne, et où son cœur lui clama de stopper ses vadrouilles. Alors, il rentra dans sa chaumière, celle qui l’avait attendu toute sa vie. Ils firent plus ample connaissance, et le vieil homme se réjouit d’avoir pour compagne cette bicoque qui le protégeait du froid et lui offrait confort pour ses vieux jours. Lorsqu’il se sentit seul, il recueillit de petits orphelins. La plus âgée d’entre eux, une jeune fille émerveillée par les histoires qu’il contait, l’assistait dans la tâche. Lorsqu’elle fut majeure, il lui légua tout son héritage. Les mauvais parleurs en ont ri, car il ne possédait que ce petit chalet dans la forêt, fait de bois et de paille. Mais les orphelins, eux, savaient qu’ils avaient reçu bien plus. Il leur avait légué la magie des rêves, des histoires toutes plus incroyables les unes que les autres. La jeune fille entreprit de les coucher sur papier, et continua de la raconter à ses fils. Ses frères firent de même. Les contes se propagèrent au fil du temps et des terres. Ils devinrent peu à peu des histoires, puis enfin des légendes. Le problème avec les légendes, c’est que les gens, parfois à tort, croient qu’elles n’ont jamais existé…

Bien des près ont fleuris depuis la mort de la jeune fille et de ses frères. Aujourd’hui, la bicoque a été retapée par un charpentier et un maçon. Elle est habitée par un jeune homme sympathique mais peu courageux. Peut-être est-il un descendant des orphelins, peut-être pas. Toujours est-il qu’il avait lu les ouvrages toujours présents dans les étagères du salon. Pas par respect pour un vieil homme dont il ignorait jusqu’au nom. Seulement parce qu’il s’ennuyait. Mais il faut parfois oublier les raisons qui poussent un homme à faire quelque chose, et se contenter de louer l’acte lui-même. Ainsi, Lénice – car c’était son nom – avait lu les contes. Peut-être qu’il ne les avait pas aimés. Probablement que comme tous les autres jeunes gens à qui on les lisait, il ne les avait pas crus plus longtemps qu’il n’est nécessaire au fonctionnement de l’histoire. Mais le fait est que pendant un instant, alors que ses yeux parcouraient les lignes, son esprit était ailleurs. Il vagabondait allègrement aux côtés du vagabond, et il s’émerveillait aussi devant la magie du lointain. Mais ce qui nous amène aujourd’hui près de Lénice plus que d’un autre n’est pas sa faculté à voyager avec l’ancien. Le jeune homme n’est pas des plus imaginatifs, et il n’est capable de voir que des bribes des images que le texte lui décrit. Il a voyagé dans un monde incomplet, aux couleurs aléatoires, comme si le livre oubliait des mots, ce qui pourrait être le cas car l’encre commençait à s’écailler. Mais Lénice était un homme qui, malgré ses défauts, avait une immense qualité : il aimait vivre. Il ressentait la vie en chacun. Il pouvait dire si les gens étaient heureux ou tristes, bons ou mauvais. Ainsi sut-il dès qu’il posa les yeux sur les contes, que le vagabond des histoires n’était pas heureux. Il avait cru l’être, puis, dans ses vieux jours, il avait compris qu’il avait échoué dans sa quête, et que finalement, malgré tous ses efforts, il n’avait pas vécu de la façon qu’il aurait voulue. Lénice se posa alors une question : quel pouvait être ce dernier voyage que l’ancien avait loupé ? Alors, il se leva en direction de l’étagère, prêt à saisir le dernier ouvrage, le seul qui avait rédigé de la main de vagabond lui-même, bien qu’il l’ignorât. Il dépoussiéra la reliure. Elle n’était ornée de rien, vierge en tous points. Il ramena néanmoins le livre avec lui lorsqu’il se laissa retomber dans le fauteuil. Il le saisit à deux mains, puis, les mains tremblantes d’une appréhension incomprise, l’ouvrit. A sa grande surprise, ce conte n’avait pas de titre. Il était simplement précédé d’une phrase, qui tenait en deux vers :
« A tous les héros qui m’ont accompagnés, je lègue cette dernière histoire.
La plus importante, la seule que je n’ai pas vécue. C’est la vôtre. »

*

Lénice avait un grand sac à dos et portait des bottes marron. Ses cheveux bruns étaient plus longs qu’à l’origine, et ils étaient noués par un bandeau de tissu rouge. La chemise de tartan ouverte, il transpirait à grosse goûtes. L’astre de feu tapait fort sur le sentier dégagé, et il aurait volontiers demandé aux arbres d’allonger leurs branches pour créer un peu d’ombre. Quelque peu influencé par les histoires de l’ancien, il le fit par amusement.
« Ô, êtres d’écorce, que j’aimerais voir vos majestueuses ramures s’étendre vers les cieux et créer l’ombrage sur votre sentier sinueux. »
Il rit de sa tirade, la forêt l’imita. Puis, lorsque l’écho s’estompa, la végétation s’exécuta. De la surprise au ravissement, Lénice rit de plus belle, et adressa à l’ancien un remerciement silencieux. Il continua alors sa route. Il avait son propre voyage à accomplir. Une magie que le vagabond n’avait pas connue l’attendait, mais il ignorait tout d’elle. Allait-il bientôt se réveiller ? Se rendre compte que ce n’était qu’un rêve ? Peut-être, mais il n’avait pas envie de se pincer pour vérifier. Lénice continua alors sa route. Il rencontra plusieurs intersections, mais ne se détourna pas du chemin. Les panneaux indiquaient parfois « Richesse », « Pouvoir », ou encore « Paradis ». Mais Lénice n’en suivait qu’un, celui dont parlait d’après lui le dernier ouvrage de l’ancien : « Vérité ». Les tentations se faisaient de plus en plus nombreuses, mais il est combattit. Il usa de la magie des lieux pour avancer. Lorsqu’une source d’eau minérale menaça de l’attirer hors de son sentier, il oublia sa soif, et sa gorge se dessécha. Lorsque la route parut bloquée par des chevaliers en armures terrifiantes, il pensa à un canular d’enfants, et c’est ce qu’ils devinrent. Mais alors, après un voyage qui, contrairement à ceux de l’ancien, ne se calcule par en lieues et en jours, il fut soumis à une tentation des plus terribles. Au milieu du sentier se débattait une jeune fille aux vêtements déchirés. Recroquevillée pour cacher sa nudité partielle, elle rampait pour échapper au Fou et au Croquemort. Lénice ne savait pas qui ils étaient, mais par leur allure, c’est le nom qu’il leur donna. La jeune fille, d’une beauté sans pareille malgré son allure échevelée, poussa un ultime cri de détresse et se lança dans les bois. Elle se fondit dans les broussailles, dans les terres des fées. Le Fou et le Croquemort se lancèrent à sa poursuite avec de grands éclats de rire, ceux de l’un teintés de folie tandis que ceux de l’autre ne reflétaient aucune joie, si bien que Lénice ne comprit pas en quoi il s’agissait d’un rire, mis à part le fait qu’il l’eut interprété de la sorte. Le jeune homme s’interrogea, cette fois-ci avec bien moins de raisonnements que les fois précédentes. Etait-ce une dryade ? Il l’aurait juré alors qu’elle filait entre les troncs. Mais il se ravisa. C’est sa beauté qui l’induisait en erreur. Dans les bois, il avait vu une dryade. Elle eût été dans l’eau aurait-il vu une sirène, dans les nuages un ange, dans l’atmosphère une étoile. Lénice continua sa route, car il savait que dans les histoires, la belle jeune fille était souvent un leurre, et que les seules qui devaient être sauvées habitaient en haut des tours gardées par les dragons. Elles avaient des cheveux d’or, et s’appelaient Princesse. Ce n’était pas le cas de celle-ci. Elle était d’une beauté plus sauvage, comme si le monde l’eut placée et façonnée de façon à ce qu’elle lui paraisse parfaite même dans l’état le plus pitoyable. Lénice hésita. Il avait laissé l’endroit loin derrière lui à présent, mais il ne pensait toujours qu’à elle. Sur l’intersection suivante, il distingua deux panneaux : « Vérité » et « Jeune fille en détresse ». Il se maudit, marmonna des excuses au vieil homme dont il ne réaliserait pas le dernier voyage, et fit demi tour. Le sentier avait disparu, il n’y avait plus que de vastes étendues de forêt dense, d’herbes, de ronces et de ruisseaux. Et Lénice avançait, au hasard et sans douter. La forêt était son allié, elle l’avait protégée du soleil, il lui faisait confiance, et elle le lui rendait.

*
Il crut entendre le rire du Fou, et pressa le pas. Il sentit derrière lui le souffle rauque d’un poursuivant, et comprit que le Croquemort l’avait repéré. Une main l'agrippa et lui arracha sa chemise dans un craquement de tissu. Il trébucha mais se releva rapidement, remerciant son lutin gardien : cela aurait pu être sa nuque. Vêtu à présent de lambeaux, il se sentait très proche de la jeune fille. Il se dit qu’il avait peut-être fait le bon choix, et il affronta le Croquemort. Celui-ci pâlit, si tant est qu’il puisse devenir plus blanc encore. Sa cape mortuaire ne put supporter le regard si assuré du jeune homme qui lui faisait face. Les ténèbres s’enfuirent, et le Croquemort fut tout de blanc vêtu. Alors, métamorphosé, il lui lança :
« Allons donc, preux chevalier ! Sauvons la dame des mains du Fou ! »
Lénice l’approuva d’un signe de tête. Il n’avait jamais été courageux, pourtant, son assurance dans les dernières minutes lui paraissait être une forme de courage indéniable. Tout homme possède la bravoure, se dit-il. L’important est de savoir la trouver, car elle ne s’éveille qu’en des circonstances adéquates, qui différent selon chacun. Alors, fort de détermination et accompagné de son nouvel allié, il s’élança. Le Fou riait et riait, toujours plus fort. Ils pénétrèrent dans les zones malsaines que ses délires avaient créées. Les arbres ne respiraient plus, et l’eau n’était que marais. Les grelots de son chapeau tintaient. Il se pliait et se dépliait, hilare à s’en briser les côtes. Lénice revit la jeune fille, empêtrée dans le bourbier. Des lianes dansantes la maintenaient raide et lui nouaient chevilles et poignets. Des filets de sang s’égouttaient des marques laissées par les épines. Mais elle ne criait plus. Elle regardait Lénice, d’un air implorant. Celui-ci l’observait, admiratif de sa grâce, qui ne disparaissait pas à l’approche même de la mort. Mais elle s’enfonçait toujours plus. Alors son compagnon réagit.
« Je fais du Fou mon affaire, il n’est qu’homme à rire mais pas à agir ! Va donc sauver ta promise, tu ne me dois rien ! »
Lénice acquiesça. Le Fou bondit, pirouettes et galipettes agiles dans sa direction, mais il ne put le stopper, car fondait sur lui le héraut en cape blanche. Tous deux entreprirent une danse de béquilles et crocs-en-jambes. Et Lénice, lui, courait. Il s’arrêta aux bords du bassin, manquant de perdre l’équilibre et d’y tomber à son tour. Il tendit la main vainement avant de comprendre qu’il ne pourrait la tirer des lianes ainsi. Il fouilla alors son sac à dos. Il était vide, malgré sa taille imposante. Lénice pensait que ce sac lui fournirait ce dont il avait besoin. Tout au fond sa main tâtonnant, il sentit le doux contact du métal, et referma ses doigts sur un couteau. Alors, il se pencha à nouveau vers la jeune fille, qui avait continué à couler. Il défit une liane qui effectua sa dernière danse mortuaire mais il n’arriva à rien de plus. Lénice chassa de son esprit les derniers relents de lucidité, et il plongea. Le bourbier semblait bien clair vu du dessous, et lorsqu’il rouvrit les yeux, la jeune fille l’observa avec tendresse. Il la défit de ses chaînes, et ensembles, main dans la main, ils sombrèrent.

Lorsque le néant les enveloppa, le jeune homme éprouva la douleur la plus forte qu’il ai connue. Celle de la perte d’un être aimé. Car la main de la fille des bois s’était envolé. Peu à peu, alors qu’il croyait mourir, la chaleur regagna son corps, et il rouvrit les yeux. Il était dans une infinité blanche, dans un vide sans début et sans fin. Mais face à lui se tenait un vieil homme aux yeux brillants. Sa longue barbe et sa canne, alliées à des vêtements peu reluisants, lui donnaient l’air d’un mendiant. Mais Lénice compris qu’il était avec le vagabond. Alors, il lui dit :
« Monsieur, je vous prie de m’excuser, j’ai échoué. Je n’ai pas su atteindre la vérité, moi non plus. »
L’ancien sourit, découvrant ses dents gâtées.
« Échoué ? Non, mon brave ! Tu as réussi ! Qu’as-tu appris de cette aventure ? »
Lénice réfléchit un instant, puis répondit :
« Que toute magie est présente à qui veut la voir, mais que nous devons nous en servir pour trouver la source du bonheur : une personne à aimer. »
Le vieil homme hocha la tête…
« C’est exact, tu connais la vérité, à présent. »
Lénice secoua la tête, il ne comprenait pas tout.
« Mais, ne l’aurais-je pas découvert en suivant le chemin de la Vérité ? »
L’ancien au regard bienveillant lui avoua alors :
« Tu l’aurais appris… à tes dépends, tout comme moi. J’ai suivi le chemin, tout ma vie. J’ai vu et usé de magie, mais cela m’a conduit au bout du chemin. Et lorsque la vérité me parvint, j’étais vieux. Il était trop tard. La connaissance m’était désormais inutile. Je ne pouvais qu’essayer de la partager, pour qu’elle en aide un autre. »
Les yeux du jeune homme s’emplirent de larmes. Le vagabond repris :
« Va, à présent, va retrouver ta promise. Fais opérer la magie. »
La détresse l’envahit :
« Mais, je l’ai lâchée ! Je l’ai perdue ! »
La dernière phrase que notre ami entendit de l’ancien fut celle-ci :
« Tout ce qui est perdu… ne demande qu’à être retrouvé, tu ne crois pas ? »
La vision de Lénice s’embua, et il sombre de nouveau dans les ténèbres.

*

Le jeune homme rouvrit les yeux sur son fauteuil et se rendit compte qu’il s’était assoupit. Il tâtonna sur ses genoux sans trouver le livre, puis s’aperçut qu’il l’avait laissé tomber. Quand il le prit en main, il eut beaucoup de mal à réprimer sa surprise. En effet, toutes les pages étaient blanches. Vides. Aucune histoire n’avait été écrite. Puis il se souvint des vers au début, les seuls mots qui étaient vraiment écrits :
« A tous les héros qui m’ont accompagnés, je lègue cette dernière histoire.
La plus importante, la seule que je n’ai pas vécue. C’est la vôtre. »
C’était son histoire à lui. Et elle ne faisait que commencer. Lénice adressa un ultime remerciement à l’ancien, et reposa le livre sans pages dans l’étagère, où il attendrait de faire vivre une nouvelle histoire à son prochain propriétaire.

Notre ami Lénice quitta la chaumière sans rien emporter, et n’y revint jamais. Lui seul sait où il s’est ensuite rendu, mais nous autres, qui connaissons son histoire, pouvons aisément nous imaginer ce qu’il y a fait.

FIN.

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MessageSujet: Re: Le livre sans pages   Le livre sans pages Icon_minitimeVen 13 Mai 2011 - 21:08

Je l'ai lue au cdi de mon lycée et je dois dire que j'ai adoré. Bon y'avait quelques fautes d'ortho, toussa mais rien de bien grave. Puis tu veux faire passer un message à travers cet écrit, donc c'est encore mieux(enfin pour moi en tout cas).=)
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