Poulet carnivore Lv.2
Age : 32 Inscrit le : 06/03/2013 Messages : 14
| Sujet: [Recueil] Outretombe Lun 13 Mai 2013 - 19:24 | |
| Outretombe sera un recueil de nouvelles que j'écris doucement. Les concours de récit organisés par Titou sur le forum Vindicare m'y aideront surement pas mal. Malgré le nom, tous les textes ne sont pas forcément peuplés de zombies, de fantômes ou d'autres apparitions dignes d'Halloween. Mais la mort sera un thème très présent en général (non je ne suis pas un gothique aux tendances suicidaires, j'aime juste parler de ce qui dérange car moi ça m'amuse). Marche de nuit- Spoiler:
J’enfonce profondément deux doigts dans une muqueuse. Tout au fond. Les va et vient incessants ne font aucun effet. C’est désespérant. Ça aurait suscité une réaction chez n’importe qui, mais pas là. Je fais ça mal, peut-être ? Encore un petit coup, voyons si…
BLWEARK !!!!
C’est acide et consistant. J’entends le bruit de la nourriture à peine mâchée tomber mollement sur le goudron. En plusieurs fois. J’ai senti le passage, et j’ai savouré mes tagliatelles au saumon une deuxième fois. La première était tout de même meilleure. Je m’appuie sur la porte du garage à ma droite. Un enfoiré rit, et je grimace lors d’un flash. C’est un de mes amis qui me prend en photo. Direction Facebook je parie. Sale bâtard.
La nuit dans la belle Montpellier démarre bien, un arrière goût de tripes, un monde en mouvement constant. Nous sommes deux, deux jeunes ivres entourés d’un groupe suffisamment net pour se moquer de nous mais trop peu pour retrouver sa route sans moi. Quelle bonne blague. Qu’ils aillent chier des prunes, je m’occupe de mon compatriote de beuverie. Il est dans un état qui ferait envier le mien. Eux n’ont qu’à se débrouiller. Je n’ai besoin de personne. Je n’ai jamais eu besoin de personne. La solitude est le remède à tous mes maux, en particulier les maux d’estomac et le tournis dû à l’ivresse.
J’entends des paroles tandis que Michel et moi nous asseyons sur un parapet. Il n’était pas là auparavant. Ou alors c’était peut-être nous qui étions ailleurs ? J’enfouis ma tête dans mes mains. Je sens sa présence à côté. Il est dans un état second, perdu dans les limbes de la convalescence, en route vers le royaume de la gueule-de-bois et la principauté du lendemain de cuite. Ceux qui me parlent ne m’intéressent pas, mais ils continuent. Ça me soule. Encore plus je veux dire. Des bribes me parviennent. On me somme de me bouger. Il ne faut pas rester là. Pourquoi ? Il y a une bombe ? Je leur dit de partir. De nous laisser. Je dis que je gère. Ils ne me croient pas. Je leur donne les clés de ma voiture pour qu’ils puissent y rentrer en m’attendant. Puis je leur souffle de dégager. Dans un murmure ne tolérant aucune réplique. Ça rouspète et ça s’entête, mais je suis reparti dans ce lieu que moi seul connais. Là où l’on ne peut m’atteindre.
Je me réveille. Ils ne sont plus là. Seulement Michel. Il faut se bouger. Je reprends contenance. C’est une renaissance. Les vapeurs d’alcool diminuent toujours mes sens, je suis comme anesthésié du cerveau, ramolli sous morphine, mais je progresse dans le bon sens. Première étape, un sms rassurant. Pour dire aux autres que je vais bien, que je vais ramener Michel auprès de la meute. Que je tiendrais ma parole. Je me lève et titube. Je vais au coin de la rue, et je défais ma braguette. Uriner dans une ruelle, l’une des joies des soirées arrosées. Un mouvement attire mon attention. C’est mon acolyte, qui a senti mon départ. A-t-il eu peur que je l’abandonne là ? Il zigzague et tangue dangereusement, mais il est debout. Je lis dans ses yeux une détermination que je connais bien. C’est le moment. Il est opérationnel, prêt à me suivre au bout du monde, dans sa confiance aveugle mais sa volonté de fer, car il n’en faut pas moins pour s’être levé dans son état. Je souris. Nous pouvons partir. Je prends une direction au hasard en lui enjoignant de me suivre. Je cherche un plan de la ville, donc un arrêt de bus ou de tramway. Sitôt que j’aurais mis la main dessus pour définir notre position, je pourrais nous réorienter.
La nuit sera longue, la marche assidue, mais nous sommes là, debout, deux face à la nuit, arpentant la ville silencieuse. Tout est trop calme, mais je ne me soucie de rien. C’est mon grand défaut. Je me soucie trop peu.
*
Michel suit mieux que je ne l’espérais. Mon esprit et mes paroles vagabondent, je déblatère un flot d’inepties énorme, et lui, il approuve, acquiesce, renchérit, mais surtout, il marche. Droit devant, sauf quand ça tourne. Le regard au sol, la démarche raide, les yeux mi-clos, comme si sa conscience de notre environnement passait par un autre sens que la vue. Je déborde d’énergie. Je cours, marche à l’envers, slalome entre les platanes et tous les obstacles que je trouve. On dirait que je suis sous ecstasy. Ce n’est pourtant pas le cas. Je crois… Peut-être l’effet secondaire des shooters au viagra. Je n’ai pas l’impression de marcher sur trois jambes, mais je réagis peut-être différemment des autres à cette substance.
Nous avançons depuis assez longtemps maintenant. Enfin, dans ma tête, ça fait longtemps. Dans un espace-temps réel, cela fait entre dix et quarante minutes. La ville reste étonnamment calme. Nous croisons quelques voitures qui partent en sens inverse, mais elles sont peu nombreuses. Le vent ne souffle pas. Il n’y a que mes insanités et le souffle régulier de Michel pour troubler la tranquillité de la nuit. C’est à ce moment que je la vois. La lumière, la lueur électrique d’une affiche publicitaire générée par la face latérale d’un arrêt de tramway. Je hurle un encouragement victorieux à mon ami, et je m’élance vers le Graal. Je contourne la station et je me plante devant le plan. Michel arrive tranquillement. A me gauche, un clodo somnole ou meurt sur le banc. Il pue l’alcool encore plus fort que nous, mais c’est une odeur mêlée de relents de sueur et de déjections qui arrive jusqu’à moi. Trop excité par ma découverte, je n’en fais aucun cas. Je déchiffre le plan. Nous sommes à un arrêt de la station des Arceaux. Ce n’est pas la bonne ligne. Il nous faut couper à travers les ruelles, pour remonter à Paladilhe, un arrêt de bus. Suite à quoi, je tenterais de réfléchir à un nouvel itinéraire, mais nous serons au moins dans la bonne direction.
Je me tourne vers mon acolyte en arborant le même sourire victorieux. Je m’apprête à lui expliquer tout cela à voix haute, mais il est redevenu tout blanc. Bad trip ? C’est pas le moment, mec ! Pourtant, dans ses yeux, je ne lis pas des nausées ou une perte de conscience, je lis de la surprise et de la peur. Quelque chose m’agrippe le pantalon puis le blouson. Je sursaute, c’est le SDF. Par réflexe, je tente de me défaire de son emprise, mais elle est puissante. Je frappe dans ses bras. Ils sont poisseux et mous, mais ils tiennent bon. Le débris qui m’agresse relève la tête. Ses yeux sont injectés de sang, des veines bleues surgissent partout sur son visage. Il a les lèvres violacées. De la bave et du sang dégoulinent le long de sa mâchoire, et la moitié gauche de sa masse capillaire s’est détachée pour ne laisser qu’un demi-obus humide. Le sans-abri a l’air en colère, il relève la tête et ouvre grand la bouche. Ses dents sont dégoutantes, cariées. Je n’imagine pas le nombre de maladies qui se trouvent dans une seule d’entre elles. Il va me mordre. J’essaie de me dégager encore, mais j’échoue. Je regarde derrière moi, paniqué. Michel n’est plus là, qu’est-ce que…
BANG !
C’était Michel. La créature vaguement humaine ma lâché. Sa tête est complètement ensanglantée, écrasée contre la paroi arrière de la station. Mon ami tient à la main une bouteille d’alcool brisée, qui devait appartenir au SDF, et dont il s’est servi pour me sauver de la morsure dégoutante. Ses yeux sont toujours empreints d’une terreur sans bornes.
« C’est un zombie » me dit-il.
Je sourcille. Il renchérit :
« C’est un putain de zombie ! »
Je voudrais le raisonner, le contredire. Les zombies, ça n’existe pas, mais… ce gars là avait une maladie sacrément flippante quand même. Et puis maintenant on est des meurtriers non ? Je m’approche de lui pour prendre son pouls. Sa tête retombe sur le côté. Je glisse ma main à son cou. Un œil s’ouvre subitement, sa bouche aussi, et il laisse échapper un long râle en se redressant. Bestiole de merde ! Il a la moitié du cerveau en bouillie, les cervicales à l’envers, et il veut toujours me croquer. Je recule juste à temps, j’empoigne le bras de Michel, et lui enjoins de courir. Direction Paladilhe.
« Faut qu’on se bouge ! dis-je. T’as à cent pour cent raison, putain. Ce connard est un vrai zombie ! »
Nous enchaînons les enjambées sans regarder en arrière. Je traverse une route, puis une deuxième. Michel est sur mes talons lorsque nous mettons pieds sur le trottoir. Je bifurque à droite vers un coin de rue au quel je vais reprendre à gauche. Nous allions au départ vers l’ouest, nous voilà partis plein nord. C’est parfait. Je ralentis pour risquer un œil. Le clochard cannibale s’est relevé, il voulait nous poursuivre, mais ses mouvements sont lents et imprécis, il ne nous rattrapera jamais. Je ralentis le rythme. Quelle frayeur ! Il ne nous faut pas bien longtemps pour rejoindre l’arrêt de bus que je recherchais. Je m’arrête, et je demande à Michel de faire le guet, au cas où notre ami affamé n’ai eu une poussé d’adrénaline. Il m’a surpris une fois, ça me suffit.
Je déchiffre à nouveau le plan. D’ici, plus de ligne de tramway à suivre, pas même de ligne de bus. Pas le droit à l’erreur, il faut savoir où l’on va. Et l’on va toujours vers le nord. Jusqu’à la station Stade Philippidès. Ça fait une trotte, mais c’est le plus direct vers les voitures. Nous rejoindront la ligne de tramway qui conduit aux Universités. C’est notre destination. Je partage le plan avec Michel, celui-ci acquiesce mais rumine encore des craintes.
« Et s’ils étaient plusieurs ? » murmure-t-il.
Je préfère ne pas y penser. Nous commençons à marcher.
« Et les autres, me dit-il. Tu crois qu’ils vont bien ? »
Les autres… merde ! Comment sont-ils rentrés finalement ? Ont-ils pris un taxi comme il me semblait les avoir entendus dire ? Ou sont-ils encore à errer, vagabonds de nuit dans une ville pour eux inconnue, et, dirait-on, dangereuse ?
Je regarde mon téléphone portable. Pas de messages. Je tente d’appeler Max. Répondeur. Julien ? Répondeur. Personne d’autre… Je termine par ma cousine. Miracle ! Ça sonne. Ça sonne longtemps. Dans le vide. Répondeur. Fais chier. Vous êtes où ?! J’accélère la cadence. Qu’absolument personne n’ai son portable allumé ou ne puisse répondre m’inquiète. Ils m’en veulent peut-être de les avoir livrés à eux-mêmes à cause de mon état ? Mais si ce n’était pas ça ? S’il y en avait vraiment plusieurs, comme l’a suggéré Michel ? L’image de mes amis encerclés par une horde de morts-vivants me fait culpabiliser. Il faut vite atteindre les voitures, les retrouver là-bas sains et saufs. Je veux en avoir le cœur net.
La route jusqu’à l’arrêt Philippidès est longue et semée d’embuches. Par embuches, j’entends « obstacles pouvant cacher l’un de ces créatures ». Poubelles, arrêts de bus, platanes, murets et coins de rues. Si je n’avais pas aussi peur pour les autres, j’aurais fait en sorte de remonter en suivant uniquement les grands axes. Mais nous ne pouvons pas nous permettre ce luxe. Nous sommes presque arrivés. J’espère du moins, car nous avons couvert une distance assez incroyable. Pourtant, même avec toutes ces péripéties, je ne suis pas certain d’avoir entièrement décuvé. Michel non plus, il a toujours cette démarche raide et concentrée. Nous pénétrons dans une venelle angoissante. Il n’y a pas de lampadaires. Une partie est plongée dans l’obscurité la plus totale. J’incite Michel à ralentir, et nous avançons à pas feutrés. J’enjambe une poubelle renversée. Mon ami est en train de faire de même lorsque quelque chose surgit entre nous deux. La surprise lui fait perdre l’équilibre et il s’écroule sur le conteneur en métal dans un fracas diabolique. Je me suis retourné, sur la défensive, pour voir un chat noir s’évader. Sale bête.
J’aide Michel à se relever. Nous avançons désormais plus vite, car avec le boucan que nous avons généré, la discrétion n’est plus de mise. Dans la zone d’ombre, alerte, j’entrevois un mouvement. Il est là, adossé à une porte en fer, le SDF que je m’attendais à trouver. Il se redresse à notre arrivée. Toi, mon salaud, tu m’auras pas. Au lieu de ralentir, j’accélère. J’ai à peine le temps de voir ses yeux s’écarquiller devant mon mouvement. Ma jambe décrit un arc de cercle et percute sa tempe avec violence. Il tombe. Zut. Je l’ai vu dans son regard alors que mon coup était déjà armé. Ce sans-abri là n’était qu’un vrai sans-abri, à qui j’ai refait le portrait gratuitement. Tant pis. J’espère qu’il me pardonnera, c’était pour la bonne cause.
Nous avons mis pied hors des ténèbres. La station Philippidès est en vue, illuminé faiblement. Il y règne une ambiance bleutée et le même calme que partout ailleurs. C’est lorsque nous sommes à une cinquantaine de mètres qu’un élément m’interpelle. Il y a comme un amas de je ne sais quoi. Sur les bancs de l’arrêt, par terre, même un peu sur les rails. Qu’est-ce ? Des débris ? Le résultat d’actes de vandalisme ? Les corps inanimés de plusieurs zombies ? Au fond de moi, je connais la réponse, mais nous devons aller de l’avant, alors je continue, en concentrant mon regard sur ces choses et en espérant que ce soit n’importe quoi d’autre. Michel a adopté la même technique. Plus que trente mètres. Une partie des amas s’anime. A cause du vent ? Je ne crois pas. Vingt mètres. Si c’est des débris, c’est bien des débris humains. Il va falloir sprinter. Dix mètres. Le tout prend vie, se lève et titube. Leurs mouvements ne sont que chaos. Comment allons-nous passer ? Leurs changements de position ne répondent à aucune logique. Ils sont aussi dégoutants qu’imprévisibles. Et si c’était comme dans les films ? On se transforme en un de ces trucs s’ils nous mordent ? Je dois peut-être à Michel un fière chandelle dans ce cas, car je n’étais pas loin d’y passer aux Arceaux.
Soudain, l’un d’eux se met à courir. Sa démarche est spontanée, sûre d’elle. Rapide. Peut-être plus rapide que moi. Ces choses ne sont pas toutes des loques ? Deux autres s’éveillent plus loin, et se mettent en mouvement de la même façon. Je remarque qu’ils ont les yeux jaunes et brillants. Puis j’entends un grand bruit, un coup de feu suivit d’un fracas métallique. La station et les bancs se tordent, un nuage de poussière et de débris s’étale sur les rails, accompagné des corps démembrés de plusieurs créatures. On dirait bien que c’est les renforts. Des silhouettes envahissent la place. Les coups de feu se font plus fréquents. Les zombies tombent tous un par un. J’entends quelqu’un hurler :
« Débarrassez-vous des mûrs en priorité ! Les autres n’iront loin ! »
Suit à cela, la seconde créature aux yeux jaunes, celle qui ne courrait pas vers nous mais à réchappé à la première déflagration, est touchée par une rafale de plombs, dans un nouveau bruit tonitruant. Un homme armé d’un fusil à pompe s’approche du corps, recharge, et tire à nouveau, en plein tête cette fois, et à bout portant. Mais le premier est presque sur nous. Il n’aura pas le temps de recharger. Et quand bien même, avec une arme de ce type, il nous tuerait, nous aussi. Impossible d’avoir un tir précis de loin avec ça, et il le sait.
La bête est sur nous. Michel et moi échangeons un regard. Nous avons retrouvé un calme étonnant. Tout à l’heure, j’ai menti. Je ne suis pas un vrai solitaire. Je m’en sors mieux avec une personne dans le cas où il existe une véritable cohésion. C’est le cas avec mon ami ici présent, pour notre plus grand plaisir à l’heure actuelle. D’une attaque symétrique, nous frappons vers le zombie. Les deux coups l’arrêtent, mais il en faudra plus pour le tuer. Je tourbillonne pour me retrouver derrière lui. Instant d’hésitation chez le monstre. Il est doué d’intelligence. C’est ce qui fait peur, mais c’est aussi pour ça que notre plan fonctionne. En sentant un danger dans son dos, il a le réflexe de se retourner. Le temps qu’il comprenne son erreur, il est trop tard. Michel lui empoigne la mâchoire dès qu’il a le dos tourné, et l’attire en arrière. Un craquement sinistre se fait entendre, il continue, et je frappe dans le torse pour accentuer sa traction. Son dos s’écrase sur le genou de mon ami. La créature est brisée au sol. Mais pas morte. Nous nous écartons. Le type au fusil est là, et il a rechargé. Nous reculons d’un pas et il tire. Voir la cervelle de ce qui fut un homme éclater n’est jamais très agréable. Pourtant, Michel et moi, nous avons souri.
Le gars nous fait signe de le suivre, nous rejoignons son escouade, ils nous emmènent en lieu sûr pour l’instant. Une porte dérobée, près du stade. C’est la planque de leur petite armada. Le chef de l’opération m’apprend que ces choses sont des humains atteints de la Rage des Rues. Une maladie contagieuse apparue il y a peu. Ils en ignorent encore la provenance, mais les sans-abris ont été les premiers touchés. Bien sûr, n’importe quelle personne mordue finit comme eux, la présence d’un toit ou d’un travail n’y change rien. Je m’inquiète toujours pour mes amis dont je n’ai pas de nouvelles.
« Vous avez vu un groupe de neuf personnes qui se rendaient à l’université ? »
L’homme me répond que non. Attéré, je pose finalement la seconde question qui me tracasse.
« Et ils sont combien, ces trucs ? »
Il soutient mon regard, puis celui de Michel. Sa réponse ? Un seul mot.
« Trop. »
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