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 La légende de Gemya, le guerrier de Glace

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MessageSujet: La légende de Gemya, le guerrier de Glace   La légende de Gemya, le guerrier de Glace Icon_minitimeMer 30 Nov 2011 - 11:07

Voilà le conte que j'ai proposé dans un duel, un peu retouché ensuite, en suivant des conseils qui ont été donnés durant la phase de votes.


C’était un jour chaud et sec, comme l’était quasiment tout l’été à Jaltabùn. Ce n’était que le début de la matinée, et pourtant, Ceyni était déjà épuisé. La chaleur de la saison sèche le terrassait chaque année, et ce depuis son retour du lointain Nord, où il avait officié comme ambassadeur durant une bonne dizaine d’années.

Les rayons du soleil bas du matin irradiaient littéralement la chambre du jeune homme, orientée plein est. Incapable de se rendormir sous une telle lumière, Ceyni se leva et se dirigea jusqu’à son balcon. Il s’étira, les bras vers le ciel, avant de poser ses coudes sur la rembarde et de contempler le paysage qui s’étendait devant ses yeux. En effet, il habitait dans une des plus belles résidences de Jaltabùn, sur les hauteurs de la ville, et avait donc droit à la vue splendide sur tous les environs.

Face à lui, Ceyni pouvait voir les vastes plaines verdoyantes de l’est de Jaltabùn, et qui disparaissaient au loin, au fur et à mesure que la chaîne de montagne du Vinjië se rapprochait de la mer, jusqu’à ce que les flots de celle-ci viennent lécher le bas des pointes décharnées qui s’élevaient, rompant l’harmonie entre le bleu du ciel pur et celui de la mer calme d’Innyùn.

A sa gauche, le jeune prince voyait le bas de la ville, jusque’aux longues plages de sable blond qui s’en allait périr dans la mer respendissante sous les rayons du soleil matinal. Et à droite, Ceyni voyait l’une des trois montagnes de Jaltabùn. Ces trois grandes collines entouraient la ville, ne la rendant accessible que depuis la côte ou depuis deux trouées entre les montagnes, ce qui faisait de la ville une place forte difficile à investir.

Pourtant, le soir, une bataille allait avoir lieu, c’était évident. Ceyni le savait depuis avant-hier, lorsque les éclaireurs au sommet des montagnes étaient descendus, annonçant l’approche d’une armée de Vikkaglis dans moins de trois jours.

Malgré l’approche du danger, la ville semblait comme endormie. Ceyni le voyait bien en regardant à sa droite la porte sud-est de la ville, qui n’était gardée que par cinq gardes, comme à son habitude.

Le prince se demandait ce qui se passait : pourquoi les troupes n’étaient-elles point encore prêtes au combat, face à la porte ? Ne tenant plus, Ceyni se depêcha, s’habilla en vitesse et se dirigea vers le palais, marchant à grande enjambées dans les rues désertes. Il marchait avec légereté et grâce, presque flottant entre les rues pavées, donnant sur des jardins d’oliviers et d’acacias et des maisons de pierre blanche, lumineuses sous le soleil d’été. Mais Ceyni n’avait pas le temps de contempler la ville, il devait aller au palais.

Après cinq bonnes minutes de marche, il finit par y arriver, passa l’entrée en trombe, s’engouffra dans les jardins juqu’au dernier bâtiment, poussa une grande porte grinçante, et entra alors dans la grande salle du palais. Trois hommes étaient debout, au bout d’une grande table, de l’autre côté de la pièce. Le plus petit d’entre eux, mais aussi le plus trapu, s’avança alors et lui serra vigoureusement la main :

-Bonjour prince ! Comment allez-vous ?

-Bonjour Tasand ! Je vais très bien, merci, si ce n’est que je me demande pourquoi les troupes ne sont pas encore prêtes au combat.

-Je me le demande bien aussi, grommela Tasand, mais le Roi et Erteon ne veulent rien entendre.

Le plus vieux des trois, au visage droit et aux cheveux blancs, fit alors signe de venir.

-J’ai entendu ta question, Ceyni, et je vois que tu partages l’impétuosité avec Tasand. Mais je suis seul maître ici, et j’en ai décidé autrement. D’autant plus qu’Erteon me soutient.

Le troisième homme hocha la tête avec un petit sourire gêné. Mais Ceyni n’avait pas encore abandonné l’idée de convaincre son père de commenecer les préparatifs.

-Mais l’attaque aura vraisemblablement lieu dans moins de dix heures... Pourquoi...

Son père lui fit signe de se taire.

-Ceyni et Tasand, vous êtes impatients, et ce n’est pas une qualité, vous le savez. La légende de Gemya le guerrier de Glace le montre très bien. Je crois bien que je vais la conter pour que vous en preniez de la graine.

Tasand et Ceyni était exaspérés. Depuis leurs arrivées dans l’armée de Jaltabùn, Cefàn le roi avit déjà dû leur raconter au moins dix fois la légende de Gemya. Mais c’était trop tard, il était encore une fois reparti pour la raconter :

«Il y a très très longtemps, dans une époque reculée, vivait un homme et sa femme, dans une contrée lointaine du Nord. Ils étaient très riches, très puissants, mais aussi très cruels. Ils s'appelaient Derkin et Jillia, mais ceci n'a pas d'importance.»

Ceyni soupira. Une histoire pour les enfants ne pouvait pas avoir de crédit, surtout quand elle était racontée pour la énième fois. Cefàn perçut l’agacement de son fils, mais celà ne l’empêcha pas de continuer son récit.

«Je disais donc très cruels, je crois. Enfin bref, ce couple maudit trempait dans des affaires bien louches depuis de nombreuses années, commerçant avec les ennemis de leur peuple, échangeant des armes et impliqués dans des affaires de fausse monnaie. Pourtant, dès que la justice s’intéressait à leurs affaires, de nombreuses personnes disparaissaient étrangement. Bien souvent, c’était des présumés complices du couple qui finissaient mal, retrouvés empalés sur des pieux au milieu de la ville au petit matin où coupés en morceaux puis jetés dans les eaux glacées de la rivière proche.

Ainsi, ils avaient toujours réussis à s’échapper, par manque de preuve, et aussi grâce à leurs relations au sein du pouvoir, qui changeait bien souvent, dès que les pantins mis en place par les deux diables commençaient à s’élever contre eux, en fait. Un couple mortel qui finissait par trucider tôt où tard tous ceux qui avaient eu affaire à eux. Pour le pouvoir et l’argent, ils étaient prêts à faire couler des fleuves de sang et à ériger des montagnes de cadavres.

Parmi leurs alliés les plus fidèles se trouvait un homme du nom de Gemya, ancien capitaine de la marine marchande, que des alliés des deux monstres avaient fait prisonnier afin de lui voler sa cargaison. Il avait lui-même été conduit devant Derkin et Jillia, et s’était montré d’une couardise sans égale. Il avait répondu à toutes les questions auxquelles il n’aurait pas du répondre pour la sécurité du pays, et avait même accepté de lécher leurs chaussures afin de rester en vie, rampant au sol comme un misérable ver de terre.

Derkin, voyant en lui un grand lâche prêt à tout pour sauver sa vie, décidé alors d’en faire un serviteur dévoué à ses ordres. Et il semblait qu’il ne se trompa point, car c’est ce qu’il fut, des années durant. Il encaissa toutes sortes de brimades et de mauvais traitements, juste pour contenter son tyran de maître. Il continua à faire son travail de capitaine dans la marine marchande, mais il détourna nombre de cargaisons pour ses nouveaux maîtres.

Jillia et Derkin ne le considéraient que comme un déchet humain, une ordure juste destinée à être foulée au pied et à maltraiter sans ménagement. Cependant, il arriva que les deux maîtres se demandent pourquoi leur serviteur était prêt à tout endurer jusqu’à perdre sa condition d’être humain, et à n’être plus qu’un gentil chien dans leurs pattes. Mais à chaque fois, ils finissaient par se dire que finalement, Gemya était juste un homme intelligent, qui savait qu’il mourrait facilement s’il osait ne serait-ce que faire semblant de fuir. Ce calcul se révélait en plus raisonnable, vu que les alliés de Derkin et de Jillia tournait, toujours remplacés par des nouveaux jeunes loups aux dents longues qui prenaient la place des anciens trop vieux ou trop gênants qu’ils avaient envoyés dans la tombe. Mais au milieu de cette grande danse, Gemya était toujours là, point fixe de l’immense système monté par les deux requins. De toute façon, qui aurait pu avoir peur de lui, pauvre microbe réduit à en lécher des chaussures et à prendre des coups sans broncher juste pour garder la vie ?

Le business des deux truands fleurit pendant des années, des décennies même, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Molgàn. Ce dernier était un ancien de l’armée qui s’était frotté pluiseurs fois aux sbires de Derkin et Jillia. Nommé chancelier, il prit des mesures afin de les traquer, les poursuivant dans le monde entier, et n’hésitant pas, lui aussi, à utiliser les méthodes les plus horribles pour faire parler les opposants, torturant et assassinant sans pitié au nom de la justice. C’était un homme dur et intransigeant, qui se considérait comme l’homme de la situation pour débarasser le pays de la vermine que représentait ce groupe de trafiquants.»

Cefàn s’arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle.

«Mais un jour, Derkin et Jillia, en vadrouille comme toujours, logés chez un de leurs amis trafiquants, virent entrer Gemya, toujours rampant ventre à terre devant ses maîtres, couvert de neige et de boue. Il tourna son regard implorant vers ses maîtres, qui lui jetèrent en retour un air dégoûté.

-Alors, couard, as-tu réussi ta mission ? demanda Jillia. J’espère bien, sinon tu vas encore te retrouver dehors.

Derkin rit et lança sa chaussure sur le pauvre serviteur, qui la prit en pleine figure et se mit à saigner du nez. Malgré cela, il répondit comme si rien d’anormal ne s’était passé, ayant d’ailleurs l’habitude des lancers de chaussures.

-Oui, la cargaison de vivres est arrivée au port entière, comme vous me l’aviez demandé, maîtres, répondit Gemya le visage au sol;

-Parfait, parfait, nous en avons grand besoin. Ce sale petit puant de Molgàn nous donne bien du fil à retordre en éliminant un à un nos alliés, et en nous privant de vivres afin d’asphyxier notre organisation. Mais nous en avons vus d’autre, et nous passerons une fois de plus cette épreuve, et le cadavre de Molgàn finira dans la crevasse de Tiuntë, là où ce monstre à jeté les corps de nos nombreux serviteurs. N’est-ce pas ? hêla Derkin.

-Oui, maître, oui, bien sûr, répondit Gemya. Vous êtes de loin les meilleurs trafiquants que le monde n’ait jamais connu, bien sûr.

Il dit ceci avec une lueur d’agressivité dans son regard comme il y en avait parfois, mais qui retombait aussitôt, laissant de nouveau place à l’oeil baissé de la servitude. Derkin n’aimait pas lorsque Gemya faisait ça. Il se leva, passa derrière son serviteur, et lui décocha un coup de pied dans le derrière. Le pauvre homme ne dit rien. Il était de très bonne constitution, car même en encaissant souvent les coups, il gardait, lorsqu’il n’était plus avec ses maîtres, une certaine aura et stature qui faisait que les dirigeants du pays avait toujours eu confiance en lui et n’aurait jamais pu penser qu’il fut un larbin au service des plus grands contrebandiers du continent.

Derkin se dirigea alors vers la porte de la maison, pour ne se retourner qu’une fois devant la poignée, et il dit :

-Je vais voir la cargaison, je veux m’assurer que cette stupide limace ne nous a pas menti juste pour ne pas prendre de coups. Je reviendrai de suite.

Jillia acquiesca, bien qu’elle trouvait cette manie un peu idiote. Gemya avait du leur ramener déjà des centaines de cargaisons complètes, et jamais il ne les avait trompés, alors pourquoi commencerait-il maintenant ? Enfin, s’il le voulait, elle n’allait pas le retenir... Elle préférait se reposer dans son grand fauteuil et ne pas s’exposer à la neige et au vent glacial qui régnait dehors en cette saison. Elle resta donc assise à réfléchir à la suite de leurs opérations, sans faire attention à Gemya.

Derkin sortit de la maison, se retrouvant alors dans une petite ruelle sombre, au beau milieu de la ville. Il faisait nuit, comme la plus grande partie de la journée l’hiver dans le grand Nord, et il neigeait abondamment. La rue était déjà recouverte d’un manteau blanc assez épais pour que les pieds de Derkin s’y enfoncent entièrement. Mais il avait l’habitude, en bon descendant des habitants des villages polaires. Il commença donc à marcher dans les rues gelées, jusqu’à atteindre les quais donnant sur la mer déchaînée sous le vent de décembre.

Trois où quatre bateaux étaient amarrés le long du quai. Pourtant, même dans la nuit noire, Derkin reconnut tout de suite la nef de Gemya. Il y était monté tant de fois qu’il pouvait s’y retrouver les yeux fermés. Il grimpa le long du ponton, puis alla à la cabine du capitaine chercher une lanterne, qu’il mit du temps à allumer, se battant avec les alumettes humides. Mais il finit par y réussir, et il se dirigea alors vers les cales, remplies de sacs en jute et de nombreux tonneaux. Il commença alors à inspecter tous les sacs, remplis pour la plupart de pommes de terre et de farine. Rien d’anormal, comme d’habitude, Gemya avait fait du bon travail. Il commença alors à inspecter les tonneaux, les ouvrant tous un à un. Du vin, encore du vin, rien d’anormal. Mais arrivé à un certain tonneau, il sentit comme une odeur étrange émanant du fût. De plus, le vin avait une couleur bien étrange, d’un rouge très très foncé, presque noir. Derkin, qui était très soupçonneux par nature, pensa directement à du poison destiné à le tuer lui ou un de ses plus précieux serviteurs. Il renversa le tonneau au sol pour éviter que quelqu’un ne vienne boire dans ce tonneau.

Et là, un corps glissa sur le plancher du navire. Un cadavre avait été enfermé dans le tonneau, et, à l’odeur, cela devait faire quelque temps. Derkin se baissa, et le retourna afin de voir son visage. Il reconnut directement Hatyo, un de ses serviteurs, son envoyé dans les continents du Sud. Mais ce n’était pas tout. Derkin constata ensuite que quelque chose avait été gravé au couteau sur son front. Il souleva les cheveux du cadavre, et approcha la lanterne afin de lire ce qui était écrit. Il put distinguer clairement une tête de mort, accompagné de ces mots : «Fin du jeu.» Le tout signé du nom de Molgàn. Derkin réfléchit un instant. Le message lui était-il dédié ? Etait-ce juste une provocation de la part du chancelier impuissant ? De plus, aurait-il pris le temps, lui qui était assez occupé, d’aller graver ceci sur la tête d’un de ses alliés ? Il n’empêchait qu’Hatyo avait été tué, et que cela représentait un nouveau coup dur pour son commerce.

Derkin frissonna, sans qu’il ne puisse savoir si c’était de peur où de froid. Mais au fur et à mesure qu’il observait le reste du bateau et du corps, à la recherche d’autres indices probants, il sentit l’angoisse l’envahir petit à petit. Il faisait noir, froid, le vent frappait le bateau et le bruit de la mer empêchait d’alerter qui que ce soit. Peut-être que quelqu’un était là, tapi dans l’ombre, attendant le momemnt propice pour l’assassiner. Mais il devait vérifier encore une fois le cadavre d’Hatyo, afin de vérifier que rien d’autre ne se trouve sur son corps. Il déshabilla le cadavre, et remarqua qu’il avait été probablement tué d’une flèche en pleine poitrine. En tout cas, rien d’autre n’était remarquable sur son corps, si ce n’est de nombreuses écorchures profondes aux jambes, preuve qu’on avait traîné le corps sur une bonne distance.

Derkin se dit qu’il n’en saurait pas plus ici, et qu’il ferait mieux de demander à Gemya de lui expliquer, s’il savait, et d’en parler à Jillia, et de décider de la marche à suivre le lendemain. Il descendit alors du navire sans que rien ne lui arrive, puis il s’engouffra dans les rues désertes, mais marchant bien plus vite qu’à l’aller. Il était loin d’être rassuré et craignait pour sa vie. Moins de cinq minutes plus tard, il était face à la porte de la maison qu’ils occupaient avec Jillia. Il poussa la porte, et il s’arrêta d’un coup, tremblant et stupéfait.

A l’autre bout de la pièce, Jillia était au sol, baignant dans une mare de sang, un poignard planté dans le dos. Cinq secondes environ, Derkin ne bougea pas, comme foudroyé par la surprise. Mais il reprit vite ses esprits, et tira de son fourreau l’épée qu’il avait toujours sur lui, juste au moment où il entendit un craquement derrière lui. Sans regarder un coup de qui il s’agissait, il se retourna rapidement et donna un grand coup d’épée. Juste à temps, car quelqu’un était juste derrière lui. Il vit jaillir le sang du bras de la silhouette, qui s’enfuit dans la nuit, laissant tomber au sol une dague argentée, qui semblait destinée à s’enfoncer dans sa chair. Derkin frissonna, puis il rentra dans la pièce, toujours l’épée à la main. Il ferma la porte, puis avança doucement jusqu’au corps de Jillia, toujours inerte, baignant dans son sang. Il retira la dague du dos de sa compagne, à la lame rougi par le meurtre qu’il venait d’accomplir, puis il retourna le corps de Jillia sur le dos. Ses grands yeux clairs semblaient regarder, terrorisés, dans sa direction.

L’homme palpa le corps. A la température de celui-ci, il déduisit qu’elle ne venait pas de mourir quand il était entré, mais que le meurtre avait été commis il y a bien une demi-heure. L’agresseur devait être le même que celui qui avait tenté de le tuer. Derkin pensa alors que celui-ci, même blessé au bras et sans arme, pouvait revenir pour tenter de le terminer par surprise. Il se dépêcha alors de préparer un petit baluchon pour fuir en catastrophe chez un allié de confiance, et cinq minutes plus tard, il était prêt à partir. Il déposa un baiser sur le front de sa compagne décédée, avant de se diriger vers la porte et de l’ouvrir d’un grand coup de pied afin de ne pas être attaquable dès le moment où il l’ouvrirait. Mais rien ne se produisit. Il s’avança lentement vers l’ouverture, et finit par passer la porte, se retrouvant alors à l’extérieur, les joues frappées par le vent froid.

Mais il n’eut pas le temps de faire un pas qu’il entendit un bruit sourd, et un homme lui tomba sur le dos depuis le toit. Derkin s’empressa de se relever pendant que son agresseur était au sol, mais ce dernier se leva aussi, et lui donna un grand coup d’un objet dur et froid qu’il tenait dans la main. Derkin chuta, mais se releva encore une fois, et la route bloquée devant lui, il s’engouffra vite dans la maison, courant à toute vitesse vers la fenêtre. Sans regarder derrière lui, il l’ouvrit violemment, puis commença à passer au travers, jusqu’à ce qu’il sente une main le retenir et le tirer vers l’intérieur. Il tomba sur le dos, à même le sol de la maison, et reconnut Gemya, devant lui, un grand stalactite à la main, comme on en trouvait facilement sur les toits en cette période et en ces lieux. Il dressa son bras ensanglanté, et d’un coup sec, enfonça son arme dans dans la poitrine de Derkin.

Il le savait, il allait mourrir ici, c’en était fait de lui. Il respira bruyemment et regarda Gemya dans les yeux. Il était fier et droit, comme jamais il ne l’avait vu. Il tenta alors d’articuler quelques mots :

-Pourquoi... maintenant ? Et ... comment ? murmura Derkin.

-C’est simple, répondit Gemya, depuis le début, je suis au service de Molgàn. Lors de vos débuts, vous avez tués mes parents et toute ma famille, qui faisait partie de vos alliés. J’ai donc cherché à me venger, et j’ai rencontré Molgàn, qui, bien que n’étant encore qu’un petit colonel, cherchais déjà à vous épingler. J’ai vu en lui le pouvoir de vous vaincer, et je me suis mis à son service.

-Mais alors... souffla le blessé

-Oui, depuis le début, tout était prévu, dit Gemya avec un sourire sadique. Le fait que je sois capturé, que je lèche vos immondes pieds dégoûtants, tout... Remarquez que je suis le seul à avoir traversé les années à vos côtés, parce que vous me pensiez faible et ridicule... Ironie du sort, non ? J’étais celui qui désirait vous tuer plus que tout, et je suis le seul que vous ayez gardé. Mais ne vous inquiétez pas, vous aurez votre vengeance. Ce fourbe de Molgàn m’a laissé attendre des années, le temps qu'il parvienne au pouvoir et que le reste de votre organisation soit déjà bien mal en point, histoire d'empêcher une nouvelle tête d'émerger. Mais il paiera aussi. En tout cas, sachez que la plus froide et inerte des glaces inflige souvent la pire des brûlures. Adieu.»

Cefàn s’arrêta là, et souffla quelques secondes avant de reprendre la parole.

-Voilà, c’était la légende de Gemya le guerrier de Glace. Vous en connaissez la morale, bien entendu !!

-Oui, répondit Ceyni exaspéré. Les hommes calmes et posés sont souvent ceux ceux dont les actions ont le plus de poids et qui sont les plus dangereux. La dernière phrase de Gemya veut dire ça...

-Bien ! Puisque vous vous en souvenez, allez vous reposer un coup. Nous nous reverrons dans quelques heures.

Ceyni quitta alors le palais et partit se promener le long des quais, contempler la riante ville de Jaltabùn en plein été.

-C’est vrai, rien ne presse, pensa-t-il, le regard dirigé vers la mer. Sachons profiter de l’instant présent. Pour le reste, on verra ça ce soir.

Et il se mit à rire, alors que plus haut dans le ciel, les mouettes et les goélands volaient paisiblement devant le soleil, masquant partiellement les rayons qui irradiaient la ville d’une douce chaleur.
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MessageSujet: Re: La légende de Gemya, le guerrier de Glace   La légende de Gemya, le guerrier de Glace Icon_minitimeMer 30 Nov 2011 - 17:26

Bon, pour une fois je vais un peu commenter la section récits, moi qui l'évite généralement. Oh, c'est pas tellement que je n'aime pas lire ( j'adore ça, même si lire sur mon ordi m'énerve ), mais c'est surtout que je suis très difficile. Trop pour lire des trucs "amateurs" ( pas dans le sens péjoratif du terme ... ) sans m'arracher les cheveux. Bref ... J'vais faire des réflexions en vrac.

Citation :
durant une bonne dizaine d’années.

Je trouve le "durant" un peu trop lourd dans la phrase. "Où il avait officié une bonne dizaine d'années comme(/en tant qu') ambassadeur" me semble plus naturel.

Citation :

Les rayons du soleil bas du matin irradiaient littéralement la chambre du jeune homme,

Inondaient me parait plus correct. Okay, là c'est peut-être personnel mais "irradier de lumière quelque chose" je trouve la formulation assez étrange.

Citation :
En effet, il habitait dans une des plus belles résidences de Jaltabùn, sur les hauteurs de la ville, et avait donc droit à la vue splendide sur tous les environs.

Le "en effet" placé en début de phrase me semble l'alourdir sans raison. Je trouve que ça rend la phrase très scolaire.

Citation :
jusque’aux longues plages

P'tite typo x)

Citation :
Ceyni pouvait voir / le jeune prince voyait / Et à droite, Ceyni voyait l

Varie les verbes x) Contempler, admirer, apercevoir ...
D'une manière générale, fais gaffe aux répétitions. Notamment la phrase [entouraient la ville ... rendant la ville difficile à investir]

Citation :
Ne tenant plus, Ceyni se depêcha, s’habilla en vitesse et se dirigea vers le palais,

Se dépêcher ne me semble pas coller dans cette phrase. L'emploi du passé simple indique une succession d'actions, et le fait de se dépêcher n'est pas l'une d'entre elle ; pas réellement, en tout cas. Il se dépêche en s'habillant et en allant au palais, mais il ne passe pas 30 secondes à se dire "je me dépêche, je me dépêche", ça n'a pas vraiment de sens. Si tu vois ce que mon cerveau tordu essaye de te dire.

Citation :
marchant à grande enjambées dans les rues désertes. Il marchait avec légereté et grâce, presque flottant entre les rues pavées

Répétition du verbe marcher, oubli du s à "grandes enjambées" et de l'accent à "légèreté" et presque<->flottant => "flottant presque" me semble plus correct.

° Remarque plus générale : les dialogues. Un petit truc me fait tiquer au niveau du réalisme, c'est que la question et la réponse se ressemblent assez souvent, comme si les personnages ne pouvaient dévier des rails que tu leur as fixé. "Bonjour, comment allez vous ?" -> "Bonjour, je vais bien. Je me demande pourquoi blablabla" -> "Je me le demande aussi !"
Ce passage m'a donc semblé trop scolaire, essaie de varier les structures, à nouveau.

Citation :
je vois que tu partages l’impétuosité avec Tasand.

*de Tasand.

Citation :

Tasand et Ceyni était exaspérés. Depuis leurs arrivées dans l’armée de Jaltabùn, Cefàn le roi avit déjà dû leur raconter au moins dix fois la légende de Gemya. Mais c’était trop tard, il était encore une fois reparti pour la raconter :

Typos, typos, typos. Relis-toi x) De même, j'aurais plutôt dit "leur arrivée" au singulier. Ils n'ont qu'une arrivée chacun, je suppose. C'est plus un truc qui "se sent" mais pour moi le singulier marche mieux.

Citation :
échangeant des armes et impliqués dans des affaires de fausse monnaie.

Ne saute pas du participe présent au participe passé ainsi, ça sonne mal. "et trainant dans des affaires ..." semble plus cohérent.

Citation :
décidé alors

Décida.

Je ne saurais pas passer en revue toutes les phrases, ce serait trop long. Fais simplement attention à ce que le vieux roi n'utilise pas trop de phrases bancales ou trop proches d'un langage peu soutenu, proche de celui qu'on utilise de nos jours. "Vu que", c'est bancal pour une personne distinguée. "Au vu de" fait tout de suite plus sérieux. "En plus" => "De plus". Etc etc.

Citation :
comme si rien d’anormal ne s’était passé

L'usage du mot anormal ne semble pas nécessaire ici. "Inhabituel", ou "comme si rien ne s'était passé" me semble plus agréables à l'oreille.

Citation :
Mais il devait vérifier encore une fois le cadavre d’Hatyo, afin de vérifier que rien d’autre ne se trouve sur son corps. Il déshabilla le cadavre, et remarqua qu’il avait été probablement tué d’une flèche en pleine poitrine. En tout cas, rien d’autre n’était remarquable sur son corps, si ce n’est de nombreuses écorchures profondes aux jambes, preuve qu’on avait traîné le corps sur une bonne distance.

Fais attention à la concordance des temps. Si "si ce n'étaient" te fait peur à utiliser, emploie "hormis peut-être". Mais employer "si ce n'est" en plein milieu d'une phrase au passé fait grincer mes oreilles. Idem pour "ne se trouve sur son corps"=> "ne se trouva".
Pareil pour "il y a bien une demi-heure." "Une demi-heure auparavant".

Citation :
afin de ne pas être attaquable dès le moment où il l’ouvrirait.

Non. Ne pas être à découvert ok, mais attaquable ... ça sonne super faux.

Citation :
était au sol

Je le relève parce que je l'ai vu une ou deux fois : c'est du français assez puant. Était allongé, gisait par terre, ... mais pas "être au sol".

Citation :

-C’est simple, répondit Gemya, depuis le début, je suis au service de Molgàn. Lors de vos débuts, vous avez tués mes parents et toute ma famille, qui faisait partie de vos alliés. J’ai donc cherché à me venger, et j’ai rencontré Molgàn, qui, bien que n’étant encore qu’un petit colonel, cherchais déjà à vous épingler. J’ai vu en lui le pouvoir de vous vaincer, et je me suis mis à son service.

Ca sonne très faux. On dirait qu'il présente le journal, sans émotion. "Vous avez tué mes parents, alors je vous tue. Une petite tasse de café ?"

Citation :
Vous en connaissez la morale, bien entendu !!

Sonne faux également, surtout avec les "!!" Très scolaire, je dirais.

La morale de l'histoire est un peu bêbête. Pas tellement sur le fond mais surtout sur le fait que le type fasse totalement volte-face, olol, la vie est bêeeelle alors qu'il a déjà entendu cette histoire dix fois selon lui.
Le dézoom sur la ville pour conclure le récit est une bonne idée mais l'utilisation du "irradier" et des mêmes lieux communs que le début "la chaleur, l'été etc" me dérangent un peu - mais là je me montre un peu tatillon.

Mes remarques de conclusion :

- Varie tes mots, tes verbes, tes tournures de phrase. C'est capital. Pour moi, un récit réussi est un récit qui ne tombe pas dans la monotonie des structures à répétition.

- N'essaye pas de faire des métaphores juste pour en faire. C'est globalement bien géré mais certaines m'ont fait levé l’œil parce que trop longues, ou purement gratuites à la "regardez je sais écrire, yeaaah".

- C'est technique, mais fais gaffe à la concordance des temps et relis toi bien pour éliminer les fautes. Je sais d'expérience que c'est soulant mais un texte sans faute est bien plus lisible.

- Le fond n'est pas mauvais, mais présenté ( surtout la fin ) de manière cucul la praline. C'est dommage, surtout que c'est ton point fort. Pour te comparer à moi, personnellement, je serais plus dans la recherche de l'harmonie du texte ( varier les structures, trouver les mots justes qui équilibrent la phrase ) plutôt que la recherche d'une multitude de détails et d'un fond solide.

De ton côté, tu te trouves à l'inverse dans une position où la formulation est tantôt maladroite, tantôt trop scolaire, mais où ton fond se tient très bien ( probablement mieux que mes propres récits ).

A toi maintenant de plus plancher sur ton texte pour que la forme rencontre le fond, ou tu risques de stagner.
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